Eldorado, le délire d’Aguirre
Figure emblématique dans l’histoire des conquistadors, Aguirre fascine en ce qu’il cristallise les tourments d’une époque en proie à la folie. Célèbre membre d’une expédition espagnole tournée au désastre, il fomenta une mutinerie, tuant quiconque s’opposait à lui et menant ses compagnons dans une quête de pouvoir chimérique. Le trait d’Alberto Breccia en offre une vision contrastée : un père cruel, rongé par ses démons et mû par sa soif de pouvoir et de vengeance.
Eldorado, le délire d’Aguirre fut commandé aux auteurs pour la commémoration des 500 ans de la découverte du continent américain. Enfin restauré 33 ans après sa parution espagnole, cet inédit constitue une des pièces manquantes de l’œuvre du maître argentin.
Lope de Aguirre is a well-known figure in conquistadors history : during a Spanish expedition missioned with finding Eldorado, he planned a mutiny, killing everyone against him and leading his men in an illusory quest of power. Violent, vengeful and cruel, Aguirre’s character embodies perfectly this crazed era of conquests and suffering.
Eldorado, le délire d’Aguirre was commissioned to commemorate the 500th anniversary of the European discovery of the Americas. Finally restored 33 years after its Spanish publication, this previously unpublished comic is one of the missing pieces of Breccia’s work.
Extraits

· Presse ·
François Angelier, Mad MoviesConseil est donné d’aller rôder du côté d’Eldorado, le délire d’Aguirre, formidable album signé Alberto Breccia, classique éternel de la bande dessinée argentine […]. Publié à la demande en 1992, Eldorado correspond à la dernière période de Breccia, moment où il délaisse le noir et blanc virtuose et angoissant de son âge classique pour des coloris violents, entre fruits pourris et oiseaux des îles. La révolte d’Aguirre contre la Couronne d’Espagne, saga sanglante, hérissée de coups de dague, nous est contée dans un style de vitraux effondrés, une mosaïque de coloris, des corps magmatiques étirés et tordus.
T. Cauvin, BD’gestAlberto Breccia déploie tout son talent pour composer des planches fiévreuses, quasi hallucinatoires. Il privilégie un style volontiers excessif et grotesque, qui semble jeter un pont inattendu entre Bosch et Bacon. Les couleurs explosent. Les personnages débordent de leur corps. Les cases et les planches semblent presque trop petites pour contenir tout le génie du dessinateur. La lisibilité demeure malgré tout impeccable. La narration très dense se déroule naturellement. Le récit oscille entre la bouffonnerie dérisoire, accentuée par l’utilisation d’un trouvère, et une violence vouée au tragique.
L’époque était tourmentée et complexe, tout comme le héros de cet album qui constitue aussi une divine surprise : un album inédit de l’auteur de Perramus qui éblouit une fois de plus.
Alfred de Montesquiou, Journal.infoLoin du réalisme académique, Breccia embrasse une veine cauchemardesque : la jungle étouffe, les visages se tordent, la lumière devient poison. Le trait, expressionniste à l’extrême, semble parfois déborder de la page tant il gronde de rage. Ici, le récit historique devient théâtre mental. Aguirre n’est plus seulement un homme : il est la figure même de l’obsession coloniale, du pouvoir qui ronge jusqu’à l’os.
Le texte, dense et tendu, dialogue avec le dessin sans jamais l’écraser. C’est une narration fiévreuse, presque mystique, où chaque case suinte la fièvre et la solitude. Un manifeste graphique, brutal et sans concession, d’une grande originalité.
CasemateInédite en France, cette oeuvre a été imaginée en 1992 pour commémorer les cinq cents ans du débarquement de Christophe Colomb en Amérique. […]
Elle peut compter sur la maestria d’Alberto Breccia, dont chaque case en couleur directe est comme un tableau.